mardi, avril 05, 2005

Krabi, le 3 avril

Pascal, si tu trouves que c’est trop long, tu peux couper à ta guise.

(non, non, pour moi ça va très bien comme ça :o)



Krabi, Dimanche 3 avril 2004

Programme chargé aujourd’hui, avec des déplacements en voiture, ce qui va nous donner une petite idée de l’éclatement géographique des déplacés.

1. Visite à Suda

La première visite est pour Suda et sa petite Maryam. Suda vit aujourd’hui à côté de chez ses parents, dans la campagne, dans la maison que Solé était en train de construire. Au moment de la naissance de Maryam, Solé avait pris plusieurs semaines pour poursuivre les travaux. Rappelé par Choï pour travailler au Jungle Bar pour la haute saison, il était revenu sur Phi Phi le 25 décembre…

La petite Maryam est aujourd’hui une adorable petite fille de 11 mois, qui marche et qui, comme tous les bébés de cet âge, commence par s’effaroucher devant les étrangers que nous sommes et éclater en gros sanglots. Mais bien vite, son naturel gracieux revient. Lorsque nous repartons, elle agite la main pour un « Bye Bye » et je reçois des petits bisous mouillés.

Suda garde le sourire tout le temps de notre visite.


2. Visite aux parents d’Aree

Le hameau natal d’Aree est situé au milieu de plantations de caoutchoucs. Sa mère nous accueille avec émotion mais aussi avec une telle dignité que l’on en a le cœur encore plus serré.

Nous regardons avec elle des photos des jours heureux, et en particulier celles de leur visite en France chez nos parents.

Nous nous installons dehors, sous un arbre. Arrivent petit à petit une sœur, une belle-sœur, des neveux, une tante d’Aree, puis son père. Il n’est pas besoin de beaucoup de mots.

Nous les reverrons le 7, pour les cérémonies à la mémoire d’Aree.


3. Visite à une famille en attente d’aide

Nous sommes devant une grand-mère et deux de ses petites filles. C’est la maman de Oho qui a signalé le cas de cette famille, quasiment oubliée de tous. Même si vous avez du mal à le croire, voici ce qu’a vécu cette famille.

Il y avait sept enfants (adultes) dans cette famille. Six sont décédés en 2004 : quatre dans le tsunami et deux dans le courant de l’année 2004. La seule fille qui reste est intellectuellement handicapée. La grand-mère a recueilli deux de ses petites filles, qui sont cousines : Supata, dite Mouk, 10 ans et Supmaitee, dite Keen, 15 ans.

Oho pose des questions à l’aînée. La grand-mère reste en retrait, intimidée.

L’aide que reçoit l’une des deux s’élève à 25 000 Bahts pour l’ année (500 Euros). L’autre ne reçoit rien, parce que ses parents ne sont pas morts dans le tsunami. Il ne faut pas longtemps à Henri pour décider sur ce cas.

Dans un premier temps, la fondation va acheter les uniformes et les fournitures scolaires. Dès la reprise de l’école (les enfants sont en vacances pour un mois), une allocation mensuelle de 2000 Bahts par enfant (40 Euros) va être versée pendant 6 mois, prorogeables, bien évidemment. J’aurais aimé que, vous tous qui nous aidez, puissiez voir le sourire de Keen quand elle reçoit la nouvelle…

Henri pense qu’on va pouvoir envisager pour ces deux enfants un vrai système de parrainage, avec sans doute 4 parrains s’engageant pour un montant de 20 Euros par mois jusqu’à la fin de leur scolarité. Nous vous ferons une proposition (avec un vrai engagement à signer) dans quelque temps.

4. Visite du Camp de Nong Kok

Ce camp est éloigné de Krabi d’une dizaine de kilomètres. Il a été financé en partie par l’UNICEF, en partie par les autorités thaïlandaises. Il y a 60 logements pour 60 familles avec un total de 300 personnes.


Le camp de NongKok après un orage

Ce sont tous les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont ni ressources ni famille pour les accueillir qui y sont reçus.

Nous y rencontrons Tchan, une jeune fille qui y fait un boulot formidable, en particulier avec les enfants. Tchan avait une agence de voyages à Koh Phi Phi. Elle vient d’être embauchée conjointement par Muniti Aree et Phi-Phi Relève-toi (l’association d’Angelo) pour assister les gens, et en particulier les enfants.

Tchan a eu l’idée de leur faire fabriquer des choses joyeuses et très colorées, parce qu’elle trouvait que tout le monde broyait trop de noir. Elle voulait que les enfants retrouvent très vite la gaîté, l’insouciance, n’aient plus de cauchemars.

Elle a donc lancé pour ceux-ci deux ateliers, l’un de batik, l’autre de sculpture de savons (avec en plus fabrication de l’emballage - une boîte en résine -) Chaque savon demande deux heures de travails. Les enfants se montrent extraordinairement doués. Les carrés de batik qu’ils réalisent sont soit des reproductions à main levée de modèles qu’ils trouvent dans des livrets, soit des créations pures. Nous avons rencontré quatre de ces jeunes artistes : trois filles, Jik (Janthip Wiset), 15 ans, Pum Puy (Ratthiya Yimyaem), 14 ans, Sandy (Kanokwon Booiad), 9 ans, et un garçon, Klod (Song Klod Wiset), 14 ans.

L'atelier batik des enfants du camp

Leurs réalisations seront proposées à la vente en France à notre retour.

Ce soir, nous sommes à Koh Phi-Phi où nous sommes arrivés ce matin. C’est Guy qui rédigera le prochain compte-rendu. Je ne crois pas que je pourrais trouver la bonne distance ni les mots justes pour vous décrire la situation.

Waï à tous.

Hélène

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