mardi, avril 05, 2005

Koh Phi Phi, les 4 et 5 avril

Visite

Nous prenons le bateau à Ao Nang où nous logions, avec Bey dit "Abey", un jeune serveur du Jungle Bar, qui parle Anglais et possède de nombreux talents, notamment artistiques, comme beaucoup de Thaïlandais. Très rapidement, avec Jean-Paul, nous le baptisons "Monsieur"…

Au bout de deux heures de traversée nous approchons des côtes. De loin, rien n'a changé, l'île est toujours aussi belle avec ses plages bordées de cocotiers. A proximité du quai, mon regard se porte immédiatement à l'emplacement où se trouvait le Jungle Bar. Il n'y a plus rien. Seuls quatre ou cinq cocotiers faméliques et quelques débris sur une bande de sable de quelques deux cents mètres.

Nous rejoignons Henri et Oho au Grand Bleu (arrivés de Krabi avec un autre bateau) où l'installation d'un petit centre d'informations a commencé. Trois grands panneaux avec des photos montrant les lieux avant et après le Tsunami, disposés dans l'entrée de ce qui était le restaurant. Le bâtiment a résisté dans son ensemble. Seule la cuisine est particulièrement touchée. Un des murs a été éventré par la vague et des fers tordus de béton armé saillent.

Henri, Hélène, Jean-Paul et moi-même partons sur le site où se trouvait le Jungle Bar. Henri nous montre du doigt l'emplacement de la cuisine, du bar. Ceux qui ont eu le bonheur de visiter cet endroit auraient beaucoup de mal a reconnaître les lieux. Mes pensées vont vers Aree et ceux qui ont disparu ici même.

Plus tard dans l'après-midi Henri nous fera visiter ce qui reste du village. La partie Est est la moins touchée : des restaurants, quelques hôtels, des bars, boutiques Internet ou de plongée et divers petits commerces de rue sont à nouveau ouverts. Nous apprendrons plus tard que les propriétaires des lieux ont pris cette décision afin d'exercer une pression sur les autorités, en les mettant devant le fait accompli,. dans l'hypothèse où celles-ci décideraient de faire reculer les constructions à une limite minimale de 30 mètres de la plus haute marée. Actuellement, les seuls visiteurs sont majoritairement de jeunes routards scandinaves et anglo-saxons, ou des personnes ayant perdu des parents.

La partie touchée du village ressemble à un vaste terrain vague désert recouvert de débris de béton et de verre. Quand Henri nous montre ce qui était le cœur du village, on a du mal à imaginer que près de 600 personnes sont mortes ici sur une superficie qui représente environ deux terrains de football.

Rencontres

Nous déjeunons avec Stéphane et son épouse. Stéphane est plongeur professionnel dans la police et vient ici préparer l'arrivée dans quelques jours d'une quinzaine d'autres plongeurs professionnels et d'une tonne de matériel.

Ils se sont donné pour objectif de remonter des bungalows et des épaves de bateaux qui gisent entre 15 et 30 mètres de fonds près de la plage du débarcadère. Ils resteront ici onze jours et espèrent pouvoir extraire une tonne de débris par jour.

Stéphane nous fait part des difficultés qu'il a rencontrées pour organiser cette expédition qui a un caractère strictement privé (les plongeurs viennent travailler ici en prenant sur leurs congés) et qui a été financée en partie par la Croix Rouge et par l'Ambassade de France à Bangkok pour un budget de 20 000 Euros.

Nous rencontrons Bang Deg, 43 ans, père de quatre enfants de 18, 15, 9 et 7 ans, qui possédait un bateau pour la pêche et la promenade et qui n'a plus de travail depuis le Tsunami, de même que son épouse qui était repasseuse sur l'île.

Muniti Aree, avec les moyens de notre association, va apporter une aide à cette personne sous la forme d'un don de 100 000 baths (environ 2 000 Euros) consacré à l'achat d'un bateau, d'un moteur et de tout le matériel et documents nécessaires pour permettre à Bang de revenir à Koh Yao, son île natale, où il souhaite reprendre son activité de pêcheur après 20 ans passés à Phi Phi.

Nous échangons aussi quelques saluts et quelques mots avec Pi Aom, une dame que Muniti Aree a aidé à remonter son petit commerce d'artisanat de bijoux. Et aussi, avec plusieurs autres personnes qui ont bénéficié d'aides, comme par exemple un artisan verrier qui réalise de magnifiques objets dont des mobiles en verre qui ont particulièrement intéressés Hélène.

Le travail des associations

Je voudrais conclure ce petit compte-rendu par quelques commentaires à propos du travail accompli par les associations présentes à Phi Phi.

Celles-ci semblent assez nombreuses et majoritairement d'origine européenne, par exemple suédoise, mais, selon les remarques d'Henri, aucune, à l'exception de Muniti Aree et de Phi Phi Relève Toi, ne possède de permanent autochtone sur l'île, mais simplement, parfois, un représentant fraîchement débarqué d'Europe et qui est dépourvu de connaissance du contexte local.

Ceci rend difficile la mise en place d'actions concertées qui s'avèrent pourtant nécessaires pour éviter notamment la duplication des aides à destination des mêmes personnes.

La présence d'un permanent autochtone est en effet indispensable. Hélène vous décrira ainsi dans les prochains jours le travail effectué par Oho.

A bientôt donc . Amitiés.

Guy

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