Lettre du 1° janvier

Krabi le 1 er janvier
A toutes et a tous
Hier, a deux heures d'intervalle ont eu lieu suivant le rite bouddhisteles cremations de Nong (petit frere) Se et de Loung (Tonton) Keow. Le premier avait vingt ans, travaillait depuis cinq jours au Jungle Bar. Je ne le connaissais pas encore. Il avait rejoint sa soeur qui venait d'ouvrir un commerce a phi phi et voulait economiser de l'argent pour se marier. Sa famille n'ayant pas eu le temps ou les moyens de descendre de Bangkok, nous nous sommes retrouves seuls, le personnel rescape avec sa soeur formidablement digne a la ceremonie.
Deux heures plus tard c'est Tonton Keow que l'on accompagnait, loin de sa terre natale de nakon Panom, en Issan, la region la plus pauvre du pays, au nord est ou sa veuve est desormais seule. Lui avait 68 anset travaillait depuis cinq ans avec nous comme charpentier, menuisier. Je devrais dire compagnon ebeniste tant ce monsieur au port digne faisait jaillir de ses mains des oeuvres d'art avec le moidre bout de bois. Je me souviens qu'au tout debut de notre rencontre, j'etais alle le chercher au Jungle pour reparer auelaue chose au restaurant distant de 200 metres. Il avait pris son impeccablement rangee caisse a outils et m'a suivi. Comme il etait cinq metres derriere moi, j'ai ralenti pour qu'il me rejoigne. Il a ralenti aussi gardant la distance. je me suis arrete. Il s'est arrete. Je lui ai fait signe de me rejoindre et m' arepondu ca ne fait rien.
J'ai demande a Aree pourquoi il agissait ainsi. Elle m'a dit :'C'est la Thailande d'avant. tu es le patron donc il restera toujours en retrait. Ne cherche pas a le changer cela le rendra mal a l'aise.' Depuis deux ans, il nous en voulait un peu parce que nous lui avions interdit de monter sur les toits. On lui avait promis de lae garder jusqu'a sa mort. La terrible ironie a voulu que cela soit vrai.
Ta Ot le chef de bar du Jungle m'a dit hier a pres la cremation 'Il a voulu partir avec aree pour s'occuper d'elle partout ou elle allait' J'aime le croire aussi parce que c'etait ce genre d'homme. Hier aussi le fils d'un ami sept ans est venu nous dire :"Aree est partie plonger avec les dauphins" Je le crois aussi. On a passe tellment d'heures a la mauvaise saison a les regardes ermerveilles croiser au large de notre maison sur la colline.
Choy, mon frere thai, notre associe au bar, a ecrit une chanson apres cette phrase. Il nous l'a chante hier vers une heure du matin qund avec quelques amis, autour d'un verre on passait sans le savoir d'une annee a l'autre. La chanson est belle comme Aree, comme les dauphins, comme la mer. J' ai cette chance dans la vie d'avoir a mes cotes cet artiste.
Vous me demandez tous comment nous aider. En dehors de vos nombreuses initiatives, de france d'Angleterre, d'Australie pour faire face aux besoins materiel de notre grande famille de personnel, et des proches dans le besoin qui m'emeuvent au dela de ce que vous pouvez imaginer, de vos courriers courts ou longs que je garde precieusement, je voudrais vos dire ceci :
Un jour proche ou lontain, le Grand Bleu et le Jungle Bar renaitront sous une forme ou sous une autre, a koh phi Phi probablement ou ailleurs. L'esprit d'Aree y sera plus present que jamais. Alors pour nous aider, vous viendrez simplement vous assoir a notre table pour manger boire un coup , rire, vivre. La peur ne nous habite plus. Nous savons qu'Aree aurait voulu que nous trouvions le courage de regarder devant, de nous battre comme j'aurais souhaite qu'elle le fasse si le sort m'avait designe pour aller nager avec les dauphins. Cette idee, ce but nous tiennent en vie. Nous voulons pouvoir rever un peu le jour pour oublier le cauchemar de nos nuits.
Que l'annee qui s'ouvre vous apporte du bonheur dont vous nous ferez partager une parcelle, nous en sommes surs.
On vous aime
Henri, Choy et Aree par la pensee